# Plus grand commun diviseur

# Définition et propriétés

Définition

Soit aa et bb deux entiers relatifs non tous nuls.

L'ensemble des diviseurs communs à aa et bb admet un plus grand élément dd, appelé plus grand commun diviseur. On le note : PGDC(a,b)(a,b).

Preuve

Existence

L'ensemble des diviseurs communs à aa et bb est un ensemble fini car c'est l'intersection de deux ensembles finis.

De plus, 1 divise aa et bb donc l'ensemble des diviseurs communs à aa et bb est non vide.

Or tout ensemble fini non vide dans Z\mathbb{Z} admet un plus grand et unique élément, donc dd existe.

Exemples

PGCD(24,18)=6,PDCD(60,84)=12,PGCD(150,240)=30PGCD(24,18)=6, PDCD(60,84)=12,PGCD(150,240)=30.

Propriété

  • PGCD(a,b)=PGCD(b,a)PGCD(a,b)=PGCD(b,a)

  • PGCD(a,b)=PGCD(a,b)PGCD(a,b)=PGCD(|a|,|b|)

  • PGCD(a,0)=aPGCD(a,0)=a car 0 est multiple de tout entier.

  • Si bb divise aa, alors PGCD(a,b)=bPGCD(a,b)=|b|.

  • Pour tout entier naturel kk non nul, on a : PGCD(ka,kb)=kPGCD(a,b)PGCD(ka,kb)=k\,PGCD(a,b).

Remarque

Les preuves de ces propriétés sont laissées à l'initiative de l'élève.

Exemples

  • PGCD(82,0)=82PGCD(82,0)=82.

  • PGCD(24,18)=PGCD(24,18)=6PGCD(-24,-18)=PGCD(24,18)=6.

  • PGCD(30,5)=5PGCD(30,5)=5 car 30 est un multiple de 5.

  • PGCD(240,180)=10PGCD(24,18)=60PGCD(240,180)=10PGCD(24,18)=60.

# Nombres premiers entre eux

Définition

On dit que aa et bb sont premiers entre eux si PGCD(a,b)=1PGCD(a,b)=1.

Exemple

  • PGCD(15,8)=1PGCD(15,8)=1 donc 15 et 8 sont premiers entre eux.

  • PGCD(a,1)=1PGCD(a,1)=1. Le nombre 1 est premier avec tout entier.

Remarque

Il ne faut pas confondre des nombres premiers entre eux et des nombres premiers. 15 et 8 ne sont pas premiers et pourtant ils sont premiers entre eux.

Par contre, deux nombres premiers distincts sont nécessairement premiers entre eux.

# Algorithme d'Euclide

Théorème

Soit aa et bb deux entiers naturels non nuls tels que bb ne divise pas aa.

La suite des divisions euclidiennes suivantes finit par s'arrêter. Le dernier reste non nul est alors le PGCD de aa et de bb.

Division de aa par bb: a=bq0+r0a =bq_0+r_0 avec b>r00b>r_0\geq 0

Division de bb par r0r_0: b=r0q1+r1b=r_0q_1+r_1 avec r0>r10r_0>r_1\geq 0

Division de r0r_0 par r1r_1}: r0=r1q2+r2r_0=r_1q_2+r_2 avec r1>r20r_1>r_2\geq 0

...

Division de rn1r_{n-1} par rnr_n: rn1=rnqn+1+0r_{n-1}=r_nq_{n+1}+0

On a alors PGCD(a,b)=rnPGCD(a,b)=r_n.

Preuve

  • Montrons que PGCD(a,b)=PGCD(b,r0)PGCD(a,b)=PGCD(b,r_0).

Soit D=PGCD(a,b)D=PGCD(a,b) et d=PGCD(b,r0)d=PGCD(b,r_0).

DD divise aa et bb donc DD divise abq0=r0a-bq_0=r_0, donc DD divise bb et r0r_0. Par conséquent DdD\leq d.

dd divise bb et r0r_0 donc dd divise bq0+r0=abq_0+r_0=a, donc dd divise aa et bb. Par conséquent dDd\leq D.

On déduit de ces deux inégalités que D=dD=d, d'où PGCD(a,b)=PGCD(b,r0)PGCD(a,b)=PGCD(b,r_0).

  • La suite des restes : r0r_0, r1r_1, r2r_2, ..., rnr_n est une suite strictement décroissante dans N\mathbb{N} car :

r0>r1>r2>...>rnr_0>r_1>r_2> ... >r_n.

D'après le principe de descente infinie, il existe alors nn tel que rn+1=0r_{n+1}=0.

  • De proche en proche, on en déduit que :

PGCD(a,b)=PGCD(b,r0)=...=PGCD(rn2,rn1)=PGCD(rn1,rn).PGCD(a,b)=PGCD(b,r_0)=...=PGCD(r_{n-2},r_{n-1})=PGCD(r_{n-1},r_n).

Or rnr_n divise rn1r_{n-1}, donc PGCD(rn1,rn)=rnPGCD(r_{n-1},r_n)=r_n.

  • Conclusion : PGCD(a,b)=rnPGCD(a,b)=r_n. Le dernier reste non nul est le PGCDPGCD.

Méthode [Calculer le PGCD de deux nombres]

Exercice:

Calculer PGCD(4539,1958)PGCD(4539,1958).

Correction

On effectue les divisions euclidiennes suivantes :

4539&=1958\times2+623\\ 1958&=623\times3+89\\ 623&=89\times7 \end{aligned}

Conclusion : PGCD(4539,1958)=89PGCD(4539,1958)=89.

Remarque

Le petit nombre d'étapes de cet exemple montre la performance de cet algorithme à comparer avec la décomposition en facteurs premiers .

# Théorème de Bézout

# Identité de Bézout

Propriété

Soit aa et bb deux entiers non nuls et D=PGCD(a,b)D=PGCD(a,b).

Il existe alors un couple (u,v)(u,v) d'entiers relatifs telle que : au+bv=Dau+bv=D.

Preuve

Soit GG l'ensemble formé par les entiers naturels strictement positifs de la forme ma+nbma+nbmm et nn sont des entiers relatifs.

GG est une partie de N\N non vide : on vérifie facilement que aG\left|a\right|\in G.

D'après le principe du bon ordre, GG admet donc un plus petit élément dd tel que d=au+bvd=au+bv.

  • D=PGCD(a,b)D=PGCD(a,b) divise aa et bb donc DD divise au+bv=dau+bv=d et donc DdD\leq d.

  • Montrons que dd divise aa.

Divisons aa par dd, on a alors a=dq+ra=dq+r avec 0r<d0\leq r<d.

On isole le reste et on remplace dd par au+bvau+bv :

Si $r\neq0$ alors $r\in G$, or $r<d$ et $d$ est le plus petit élément de $G$, cela est contradictoire. Donc $r=0$ par conséquent $d$ divise $a$. - En faisant le même raisonnement, on montre que $d$ divise aussi $b$. $d$ divise $a$ et $b$, donc $d\leq D$. - Conclusion : $D\leq d$ et $d\leq D$ donc $D=d$.

Remarque

Conséquence: Tout diviseur commun à aa et bb divise leur PGCDPGCD.

# Théorème de Bézout

Théorème

Deux entiers relatifs aa et bb sont premiers entre eux si, et seulement si, il existe deux entiers relatifs uu et vv tels que :

au+bv=1au+bv=1

Remarque

Conséquence: Si PGCD(a;b)=DPGCD(a\ ;\ b)=D, alors a=Daa=Da' et b=Dbb=Db' avec PGCD(a;b)=1PGCD(a'\ ;\ b')=1

Remarque

La preuve du théorème de Bézout et de sa conséquence fait l'objet de l'exercice21p.39.

Méthode [Montrer que deux nombres sont premiers entre eux]

Exercice:

Montrer que (2n+1)(2n+1) et (3n+2)(3n+2) sont premiers entre eux, nNn\in\N.

Correction

Il faut prouver qu'il existe des coefficients uu et vv tels que u(2n+1)+v(3n+2)=1u(2n+1)+v(3n+2)=1.

3(2n+1)+2(3n+2)=6n3+6n+4=1-3(2n+1)+2(3n+2)=-6n-3+6n+4=1

nN\forall n\in\N, il existe u=3u=-3 et v=2v=2 tels que u(2n+1)+v(3n+2)=1u(2n+1)+v(3n+2)=1.

Les entiers (2n+1)(2n+1) et (3n+2)(3n+2) sont donc premiers entre eux.

Méthode Déterminer un couple (u;v) tel que au+bv=1

Exercice:

Montrer que 59 et 27 sont premiers entre eux, puis déterminer un couple d'entiers relatifs (x,y)(x,y) tel que : 59x+27y=159x+27y=1.

Correction

Pour montrer que 59 et 27 sont premiers entre eux, on effectue l'algorithme d'Euclide.

59=27×2+5(1)27=5×5+2(2)5=2×2+1(3)\begin{aligned} 59&=27\times2+5\qquad\hskip-1.7mm (1)\\ 27&=5\times5+2\qquad (2)\\ 5&=2\times2+1\qquad (3)\end{aligned}

Le dernier reste est 1. Donc PGCD(59,27)=1PGCD(59,27)=1 et 59 et 27 sont premiers entre eux. Pour déterminer un couple (x;y)(x\ ;\ y), on remonte l'algorithme d'Euclide :

de (3) on obtient :

2×2=51\begin{aligned} &2\times2=5-1\\ \end{aligned}

On multiplie l'égalité (2) par 2

27×2=5×10+2×227×2=5×10+5127×2=5×1115×11=27×2+1\begin{aligned} &27\times2=5\times10+2\times2\\ &27\times2=5\times10+5-1\\ &27\times2=5\times11-1\\ &5\times11=27\times2+1\\ \end{aligned}

On multiplie l'égalité (1) par 11 2 59×11=27×22+5×1159×11=27×22+27×2+159×11=27×24+1\begin{aligned} \hspace{0.8cm}&59\times11=27\times22+5\times11\\ &59\times11=27\times22+27\times2+1\\ &59\times11=27\times24+1\\ \end{aligned}

On a donc :

59×11+27×(24)=1\begin{aligned} \hspace{0.5cm}&59\times11+27\times(-24)=1 \end{aligned}

# Corollaire de Bézout

Propriété

L'équation ax+by=cax+by=c admet des solutions entières si, et seulement si, cc est un multiple du PGCD(a,b)PGCD(a,b).

Preuve

  • Dans le sens direct : Supposons que l’équation ax+by=cax+by=c admette une solution (x0;y0)(x_0\ ;\ y_0).

Soit D=PGCD(a,b)D=PGCD(a,b) alors, comme DD divise aa et bb, il divise ax0+by0ax_0+by_0.

DD divise donc cc. 2222

  • Réciproquement : Soit cc un multiple de D=PGCD(a,b)D=PGCD(a,b).

Donc il existe un entier relatif kk tel que : c=kDc=kD.

De l'égalité de Bézout, il existe deux entiers relatifs uu et vv tels que : au+bv=Dau+bv=D.

En multipliant par kk, on obtient : auk+bvk=kDa(uk)+b(vk)=cauk+bvk=kD\ \Leftrightarrow\ a(uk)+b(vk)=c.

Donc il existe x0=ukx_0=uk et y0=vky_0=vk tels que ax0+by0=cax_0+by_0=c.

Exemple

  • L'équation 4x+9y=24x+9y=2 admet des solutions car PGCD(4,9)=1PGCD(4,9)=1 et 2 est multiple de 1.

En effet, si x=4x=-4 et y=2y=2, on a : 4(4)+9(2)=16+18=24(-4)+9(2)=-16+18=2.

  • L'équation 9x15y=29x-15y=2 n'admet pas de solution car PGCD(9,15)=3PGCD(9,15)=3 et 2 n'est pas multiple de 3.

# Le théorème de Gauss et son corollaire

# Théorème de Gauss

Théorème

Soit aa, bb et cc trois entiers relatifs non nuls.

Si aa divise le produit bcbc et si aa et bb sont premiers entre eux, alors aa divise cc.

Preuve

Si aa divise le produit bcbc, alors il existe un entier kk tel que : bc=kabc=ka.

Si aa et bb sont premiers entre eux, d'après le théorème de Bézout, il existe deux entiers uu et vv tels que : au+bv=1au+bv=1.

En multipliant par cc, on a :

acu+bcv&=c \qquad \text{or $bc=ka$, donc :}\\ acu+kav&=c\\ a(cu+kv)&=c \end{aligned}

Donc aa divise cc.

Exemple

Pour trouver les solutions dans Z2\Z^2 de l'équation 5(x1)=7y5(x-1)=7y, on sait que :

5 divise 7y7y. Or PGCD(5,7)=1PGCD(5,7)=1, donc, d'après le théorème de Gauss, 5 divise yy.

On a donc : y=5ky=5k.

En remplaçant dans l'équation, on a :

Les solutions sont donc de la forme : $\left\{\begin{aligned} x&=7k+1\\ y&=5k\end{aligned}\right., k\in\Z.$ Réciproquement, ces solutions vérifient effectivement l’équation.

# Corollaire de Gauss

Propriété

Si bb et cc divisent aa et si bb et cc sont premiers entre eux, alors bcbc divise aa.

Preuve

Si bb et cc divisent aa, alors il existe deux entiers relatifs kk et kk' tels que :

a=kbeta=kcdonc : kb=kc.a=kb\hspace{0.5cm}\text{et}\hspace{0.5cm} a=k'c\hspace{0.5cm}\text{donc : }\hspace{0.5cm} kb=k'c.

bb divise kck'c, or PGCD(b,c)=1PGCD(b,c)=1 donc, d'après le théorème de Gauss, bb divise kk' donc : k=kbk'=k''b.

a=kc=kbca=k'c=k''bc

Donc bcbc divise aa.

Exemple

Si 5 et 12 divisent aa, comme 5 et 12 sont premiers entre eux, 5×12=605\times12=60 divise aa.

# Equation diophantienne ax + by = c

# Définition et existence

Définition

Une équation diophantienne est une équation à coefficients entiers dont on cherche les solutions entières. Soit aa, bb et cc trois entiers relatifs, les équations diophantiennes du premier degré sont du type : ax+by=cax+by=c.

Remarque

Diophante d'Alexandrie est un mathématicien grec du III\ieme siècle de notre ère.

Propriété

Une équation diophantienne du premier degré, de la forme ax+by=cax+by=c, où aa, bb et cc sont des entiers relatifs, admet des solutions si, et seulement si, cc est un multiple du PGCD(a,b)PGCD(a,b).

Preuve

Cela découle directement du corollaire du théorème de Bézout.

Exemple

L'équation 17x33y=117x-33y=1 admet des solutions car PGCD(17,33)=1PGCD(17,33)=1.

# Résolution

Méthode [Résoudre une équation du type ax + by = c]

  • On cherche une solution particulière à l'équation.

  • On recherche ensuite l'ensemble des solutions en soustrayant termes à termes l'équation et l'égalité de la solution particulière.

  • On applique le théorème de Gauss, puis l'on vérifie que les solutions trouvées vérifient bien l'équation.

Exercice:

Déterminer l'ensemble des solutions de l'équation (E) 17x33y=117x-33y=1.

Correction

  1. On cherche une solution particulière de (E). Ici, il existe une solution évidente : le couple (2;1), car 17×233×1=3433=117\times2-33\times1=34-33=1.

  2. On recherche ensuite la solution générale de (E). On a : {17x33y=117×233×1=1\left\{\begin{aligned} &17x - 33y=1\\ &17\times 2 - 33 \times 1 = 1\end{aligned}\right..

Par soustraction termes à termes des deux égalités, on obtient :

17(x2)33(y1)=017(x2)=33(y1)(E’)17(x-2)-33(y-1)=0\Leftrightarrow 17(x-2)=33(y-1)\quad (\text{E'})

33 divise 17(x2)17(x-2). Or PGCD(17,33)=1PGCD(17,33)=1, donc d'après le théorème de Gauss, 33 divise (x2)(x-2). On a donc : x2=33k,kZx-2=33\,k, k\in\Z. En remplaçant dans (E'), on trouve y1=17ky-1=17\,k.

  1. Les solutions de (E) sont de la forme : {x=2+33ky=1+17k,kZ.\left\{\begin{aligned} &x=2+33\,k\\ &y=1+17\,k\end{aligned}\right., k\in\Z.

  2. Ces solutions vérifient effectivement l’équation.

Exercice:

Déterminer l'ensemble des solutions de l'équation (E1_1) 15x+8y=515x+8y=5.

Correction

  1. L'équation (E1_1) admet des solutions car 15 et 8 sont premiers entre eux.

  2. On cherche une solution particulière à l'équation (E2_2) : 15x+8y=115x+8y=1.

(1;2)(-1;2) est solution évidente à (E2_2) car : 15×(1)+8×2=15+16=115\times(-1)+8\times2=-15+16=1.

  1. En multipliant par 5, on trouve alors une solution particulière à (E1_1). Le couple (5;10)(-5;10) est solution de (E1_1).

  2. On recherche ensuite la solution générale de (E1_1). On a : {15x+8y=515(5)+8(10)=5.\left\{\begin{aligned} &15x + 8y=5\\ &15(-5)+8(10)=5\end{aligned}\right..

Par soustraction termes à termes des deux égalités on obtient :

15(x+5)+8(y10)=015(x+5)=8(10y)(E2)15(x+5)+8(y-10)=0\Leftrightarrow 15(x+5)=8(10-y)\quad (\text{E}_2)

8 divise 15(x+5)15(x+5). Or PGCD(15,8)=1PGCD(15,8)=1, donc d'après le théorème de Gauss, 8 divise (x+5)(x+5).

On a donc : x+5=8k,kZx+5=8\,k, k\in\Z.

En remplaçant dans l'équation (E2_2), on trouve 10y=15k10-y=15\,k.

  1. Les solutions de (E1_1) sont de la forme : {x=5+8ky=1015k,kZ\left\{\begin{aligned} &x=-5+8\,k\\ &y=10-15\,k\end{aligned}\right., k\in\Z.

  2. Ces solutions vérifient effectivement l’équation.